No Home est un roman qui raconte le destin de deux sœurs ghanéennes Effia surnommée « la beauté » et Esi.
L’une épousera un Anglais vendeur d’esclave au Ghana et l’autre sera vendue comme esclave et envoyée en Amérique pour travailler dans les champs de coton.
C’est ainsi que débute ce qui sera le récit d’une énorme fresque familiale.
Ce roman est divisé en deux parties au sein desquelles nous pouvons assister à l’évolution des descendances de ces deux sœurs. D’une part la descendance d’Effia qui naîtra et grandira au Ghana comme des citoyens libres et d’autres part celle d’Esi qui connaîtra les fouets de l’esclavage puis la ségrégation raciale aux Etats-Unis.
Le décor est planté à vous découvrir le reste.
L’histoire s’étend du XVIIIe siècle à nos jours.
(quelle ambition !)
Pourquoi lire ce livre ?
En partant de mon expérience de lectrice, je peux vous affirmer que c’est l’un des romans les plus riches que j’ai lu sur la question. Le choix audacieux que l’auteur fait, en choisissant de conter 250 ans d’histoires familiales, est un défi de taille pour un premier roman. Mais laissez-moi vous dire qu’à aucun moment vous allez vous ennuyer. Vos émotions et votre intellect seront en permanence sollicités. Nos convictions sont souvent questionnées. Ce livre est un plaidoyer en faveur du peuple noir, parce que bien que cette histoire se passe entre le Ghana et l’Amérique, elle concerne finalement tous ces noirs qui un jour ont été déporté à l’autre bout de la terre, loin de leurs racines, loin de leur culture et surtout loin des siens. Ce livre pointe du doigts la monstruosité de l’humain mais également notre capacité à rebondir et à aller de l’avant. C’est justement l’histoire de chacun des personnages : laisser derrière soi les blessures du passé pour avancer vers l’espoir d’un lendemain meilleur.
Les discours sont intenses, les personnages sont attachants. À certains passages, on a l’impression de ressentir la détresse d’un esclave pendant la traversée de l’océan vers l’Amérique. À d’autres endroits, l’on peut ressentir le sentiment d’appartenance et de fierté d’un Ashanti au sein de son village natal.
L’auteur sait manier les mots et nous introduit dans la profondeur de l’histoire du peuple noir d’Afrique, mais aussi d’Amérique.
Un standing ovation s’impose pour le talent de cette auteure. Je ne peux imaginer le travail colossal de recherche que cela a nécessité en amont.
Ce que j’ai aimé :
- La profondeur des dialogues qui ont fait vibrer chaque corde de mon âme.
- Les prises de position de l’auteure.
- La dénonciation des inégalités raciales aux États-Unis.
- La pluralité des personnes aux destins diverses et complexes.
- Le fait que ce soit un roman engagé.
Ce que j’ai le moins aimé :
- La densité des personnages, on s’y perd parfois au début de chaque chapitre, il faut avancer dans le récit pour comprendre l’appartenance familiale du personnage. Heureusement qu’il y a un arbre généalogique inclus dans le livre.
- Les destins souvent tristes des protagonistes.
L’auteure